Tir à l'Arc Instinctif

"Instinctif et éduqué"

Il s’agit de privilégier l’instinct sur la technique, de ne jamais tirer de manière automatique. Cependant, pratiquer le tir à l’arc de manière instinctive ne signifie pas le pratiquer n’importe comment, de manière désordonnée.  Il est indispensable que la gestuelle de l’archer soit précise et constante pour que ses tirs le soient eux aussi.

 

Dans son livre La pratique du tir instinctif souple, Jean-Marie Coche présente de manière précise la gestuelle qu’il a développée et que je pratique.

Orientation du corps

L’archer se tient de profil par apport à sa cible! C’est extrêmement important, afin de pouvoir réaliser un mouvement d’armement utilisant toute l’allonge possible. La position correcte est indiquée par l’orientation du bassin, des genoux et des pieds. Pour les tirs à courte distance le poids du corps est placé sur la jambe avant.

Tenue de l'arc

L’arc est tenu sans dragonne, de manière ferme, mais non crispée. La poignée est légèrement inclinée et se tient dans l’axe de l’avant-bras. Il est important d’éviter de dévier de cet axe afin d’éviter de trop solliciter les ligaments du poignet.

Prise de corde

La main de corde tient la corde, et non la flèche! Nous utilisons la prise méditerranéenne: l’index au-dessus de la flèche, en contact avec l’encoche, le majeur et l’annulaire en dessous. La corde est placée au milieu de la première phalange. Située trop au bout des doigts elle risque de glisser, trop en arrière une rotation excessive de la corde dévierait le tir.

La visée

Nous ne visons pas en alignant l’œil directeur, la pointe de la flèche et la cible, ou encore en utilisant un viseur. Cette façon de faire est très technique; l’archer doit commencer par déterminer la distance de la cible pour ensuite régler son viseur ou positionner ses doigts en conséquence.

En tir instinctif, nous visons comme à la pétanque ou au basket: les deux yeux sont ouverts en permanence, fixés sur l’objectif et il s’agit de fixer au maximum son attention sur le point à atteindre, le temps de quelques respirations.

Ce n’est que lorsque toute mon attention est dirigée, concentrée sur le point à atteindre que je peux commencer l’armement.

Il est important de fixer un point, et jamais une zone, comme le jaune d’un blason, par exemple : c’est bien trop flou ! Visez la croix au centre du jaune! Si mon esprit n’a pas d’objecif précis, la flèche n’est pas dirigée.

Le pousser-tirer et le point d'ancrage

Une fois en place, vient le mouvement d’armement: le pousser-tirer. Le bras d’arc pousse l’arc et l’élève alors que le bras de corde tire la corde et amène son index toucher la commissure de ses lèvres: le point d’ancrage.

Un mouvement d’armement exécuté ainsi permet de répartir l’effort de manière symétrique, alors que si ce mouvement débute avec le bras d’arc tendu et déjà levé cette symétrie est brisée et des risques de blessures, à la nuque notamment, apparaissent.

Atteindre le point d’ancrage est capital: c’est notre seul point fixe! La hauteur finale du bras d’arc va varier en fonction de la distance à la cible, idem pour la répartition du poids du corps. L’écartement des pieds changera selon le relief. seule constante: l’allonge de l’archer.

Le rythme

Le rythme est dicté par la respiration: le mouvement d’armement se fait en expirant et dure le temps d’une expiration normale. En effet, personne n’accomplit un effort en inspirant! L’expiration est terminée et le point d’ancrage atteint: en apnée pendant quelques secondes, nous disposons du calme et de l’immobilité nécessaire pour effectuer une décoche précise.

La décoche

La décoche, c’est un instant. Le point d’ancrage est atteint, l’arc est bandé, ce petit mouvement des doigts qui libère la corde et projette la flèche ne doit pas être manqué!
La décoche est consciente, mais elle doit être effectuée dans un relâchement, rien ne doit être forcé. Le mouvement est simple: les doigts de la main de corde se tendent, en réaction la main recule légèrement sur la joue, sans s’en éloigner. Il est fréquent d’observer  des mouvements parasites sur ce geste: une main de corde qui s’élève jusqu’au dessus de la tête, ou qui s’éloigne de la joue.
Bien que le lâcher de flèche soit le dernier mouvement que fasse l’archer, le tir n’est pas terminé. La flèche a quitté l’arc, mais il faut rester avec elle; suivre son vol du regard, apprécier sa trajectoire, ressentir ce qui s’est passé.